Quand j’était petit je voulais être…

J’ai commencé ma putain de carrière profesionnelle en étant comptable dans une entreprise mais cela n’a duré qu’un an, un an et demi parce que ce n’était vraiment pas mon truc. 

Après, par contre, pendant quinze ans j’ai été professeur, jusqu’à être titulaire même. J’ai enseigné en collège et en lycée professionnel. 

Ensuite, j’ai été dépressif professionnel pendant quelques années. Puis, j’ai passé le concours d’éducateur spécialisé mais je n’ai pas présenté le diplôme. En revanche, pendant cinq ans on va dire, j’ai été éducateur spécialisé auprès de SDF, auprès de personnes âgées et de personnes handicapées. Mais comme j’étais remplaçant et n’étant pas diplômé, cela s’est arrêté. C’est là que je me suis dit “tu vas essayer l’aide à la personne”. C’est-à-dire que j’ai travaillé pour une association toulousaine importante. Et c’est une association, j’insiste, ce n’est pas une entreprise parce que je considère que ce secteur ne devrait pas être à but lucratif. 

Il est vrai que, depuis toujours, quand j’étais petit, je voulais être soit architecte soit psychologue. Et donc, finalement, j’ai été professeur, puis éducateur et puis j’ai travaillé dans l’aide à la personne. Il y a une ligne. 

J’ai cette chance d’avoir pu suivre cette ligne. C’est un privilège aujourd’hui. Cela ne devrait pas en être un parce qu’il se trouve que je n’ai jamais eu ni faim, ni froid et que j’ai toujours pu choisir tout cela, ces voies-là. Hélas, c’est une chance parce que cela devrait être la possibilité offerte au plus grand nombre. 

Je gagne actuellement, péniblement, le smic mais je m’en fout parce que je n’ai pas de soucis de logement donc je suis un privilégié. Je trouve ça honteux ; parce que l’on produit suffisamment de richesses pour que personne n’ait faim, pour que personne n’ait froid, pour que l’on partage le temps de travail et que l’on partage les richesses produites. Voilà, je suis fondamentalement gauchiste mais j’avoue humblement, que je suis ce que l’on appelle un révolutionnaire de salon. Mes idées, elles sont là, et je trouve que considérer que je suis un privilégié c’est honteux aujourd’hui en 2022. 

Cela m’a fait rencontrer des personnes que je n’aurais jamais rencontrées. Cela m’a fait aborder des situations que je n’aurais jamais imaginées si ce n’est au cinéma. Or, la réalité est toujours plus forte que la fiction, et oui vraiment, c’est une grande chance que j’ai eu de rencontrer tous ces gens.