TOUS LES CHEMINS MENENT A LA CULTURE

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu travailler dans le milieu de la culture.
Le cinéma m’a toujours attiré, la musique a toujours rythmé ma vie et la lecture m’a toujours accompagné. J’ai d’abord voulu faire de la musique mais ma conception très libre de l’apprentissage s’est rapidement heurté à celle plus académique de mes parents. Sans solfège, pas d’instrument. J’ai essayé pendant deux ans mais la rigueur demandée et la
théorie sans la pratique me semblait bien éloignées de mes aspirations à jouer du Rock’ n’
Roll. Sans compter une fainéantise naturelle qui se manifestait d’autant plus fortement que
je ne voyais pas l’intérêt de savoir distinguer un Mi d’un Fa ou de pouvoir compter les
croches dans une mesure.
Quand il a fallu commencer à réfléchir à une orientation en fin de seconde, mon lycée
venait de lancer une option cinéma pour le bac. Évidemment, c’était fait pour moi. Là
encore, mon enthousiasme s’est heurté au pragmatisme de mes parents pour qui ce type
d’option n’était qu’une perte de temps. « Passe ton Bac, tu feras ce que tu veux après. »
Sauf que ce n’était pas tout à fait vrai non plus, bien sûr.
Une fois cette étape académique franchie, je me suis dirigé vers un DUT métiers du livre.
Après mes tentatives avortées de faire partie du milieu musicale ou cinématographique, je
me raccroché à la dernière option qui me restait, le monde du livre. Bien sûr, celle-ci était
beaucoup moins attrayante que les deux autres mais au moins, elle était approuvée et
validée par mes parents. Une fois le diplôme en poche, j’ai été employé chez un loueur de
cassettes vidéos puis pendant deux ans dans une grande salle de jeux. Quand celle-ci a
fermé, j’ai trouvé un emploi de vendeur CD/DVD dans un Espace Culturel Leclerc.
Cet emploi a été le vrai point de départ de ma vie professionnelle. J’y ai beaucoup appris
sur les différentes étapes du commerce culturelle, des commandes avec les représentants à
la mise en rayon de celles-ci. J’ai surtout compris que ce qui me plaisait vraiment était de
faire partager ma curiosité et ma passion pour toutes forme de culture. Forcément, avec
cette découverte, le métier de vendeur m’a paru de plus en plus limité. Le conseil ne
représentait finalement qu’une part très restreinte du métier et c’était celle qui m’intéressait
le plus. Au bout de dix ans, une collègue m’a informé que son mari travaillait pour une
commune qui cherchait un bibliothécaire. J’ai rédigé et envoyé un CV et j’ai eu la chance
de tomber sur un directeur de structure qui cherchait quelqu’un avec un parcours
professionnelle atypique pour le milieu.
C’est ainsi que j’ai débuté la dernière partie de ma vie dans le monde du travail.
Le métier de bibliothécaire m’a permis de mettre à profit tout ce que j’ai pu apprendre lors
de mon parcours professionnel. Quand je le regarde aujourd’hui, je m’aperçois qu’il n’a pas
été constitué de cassures et de redirections mais plutôt d’une suite logique d’emplois qui
m’ont permis de posséder le savoir, l’expérience et la maturité nécessaire pour m’exprimer
au mieux en tant que bibliothécaire. Je suis toujours aussi curieux et passionné par tout ce
que peux proposer le monde de la culture et je m’efforce de le transmettre au quotidien à
nos lecteurs, que ce soit par les conseils, les discussions ou par la mise en place
d’animations diverses et variées.
Je pense aujourd’hui que je suis à ma place. Bien sûr, le regret de ne pas être du côté de la
création existe encore mais même à mon petit niveau, je fais quand même partie de la grande machine et j’apporte au quotidien ma pierre à l’édifice de la transmission culturelle.
Ce n’est peut-être pas grand chose mais ça suffit à mon bonheur professionnel.

Julien